Depuis plusieurs siècles, le mois de mai est consacré à la Vierge Marie dans la tradition catholique. Mais pourquoi ce mois en particulier ? D’où vient cette dévotion mariale si fortement liée à cette période de l’année ? À travers les siècles, les pratiques spirituelles, les influences culturelles et la symbolique de la nature ont façonné cette belle tradition printanière dédiée à la Mère de Dieu.
Une tradition aux racines anciennes
La dévotion à Marie remonte aux origines du christianisme. Très tôt, les chrétiens ont honoré Marie comme la Mère du Christ, la femme bénie entre toutes. Si l’Église célèbre plusieurs fêtes mariales tout au long de l’année (l’Annonciation en mars, l’Assomption en août, l’Immaculée Conception en décembre…), le lien entre Marie et le mois de mai est né plus tard, à partir de la fin du Moyen Âge.
Dans l’Antiquité, le mois de mai était déjà associé à la féminité et à la fécondité. Chez les Romains, mai était le mois de la déesse Flore, déesse des fleurs et du printemps. Lorsque le christianisme s’est répandu dans les territoires de culture gréco-romaine, de nombreuses traditions ont été "christianisées" : ainsi, les symboles de la vie, de la beauté et du renouveau printanier ont été associés à Marie, que l’Église appelle aussi « Reine des fleurs » ou « Rose mystique ».
Le développement de la tradition au fil des siècles
C’est à partir du XIIIe siècle que certaines pratiques liées à Marie apparaissent en mai, notamment chez les moines et les étudiants. Mais c’est au XVIe siècle que cette coutume prend un tournant plus structuré, notamment dans les écoles jésuites d’Europe, qui commencent à organiser des prières spéciales en l’honneur de la Vierge durant ce mois. La pratique s’étend peu à peu, encouragée par l’Église et les communautés religieuses.
Au XVIIIe siècle, la dévotion mariale du mois de mai est officiellement reconnue et promue par de nombreux papes. Pie VII, au début du XIXe siècle, bénit cette tradition et encourage la récitation du Rosaire, les litanies de Lorette, les processions et les autels fleuris en l’honneur de la Vierge durant tout le mois. Pie IX et Léon XIII poursuivront cet élan, voyant en Marie une figure de paix, d’unité et de consolation pour les fidèles, particulièrement en période de crise.
Marie et le printemps : un lien naturel
Le mois de mai, dans l’hémisphère nord, marque le retour de la vie après l’hiver. Les arbres bourgeonnent, les champs se couvrent de fleurs, la lumière du soleil s’intensifie, les jours rallongent. C’est un mois de beauté, de renouveau, de fécondité.
Marie, elle aussi, est associée à la vie, à la pureté et à l’espérance. Comme la nature qui renaît, elle est source de joie et de douceur. Elle est la « fleur des champs et le lys des vallées », selon l’expression du Cantique des cantiques. En consacrant ce mois à Marie, les fidèles célèbrent la beauté de la Création et la remercient pour sa présence maternelle et apaisante.
Les autels fleuris, les statues couronnées, les jardins marials, les processions aux flambeaux, les neuvaines mariales, les chapelets médités… sont autant de gestes simples et profonds pour honorer celle que les fidèles reconnaissent comme leur mère spirituelle.
Un mois d’offrandes et de prière
Durant le mois de mai, de nombreuses familles et paroisses mettent en place des dévotions spécifiques : récitation du chapelet chaque soir, prières communautaires, méditations mariales ou petits sacrifices offerts à la Vierge.
Les enfants, en particulier, sont invités à faire des gestes d’amour pour Marie : cueillir des fleurs, dire une prière, apprendre un chant marial, ou déposer une bougie. Ces petites attentions ont une grande valeur symbolique : elles montrent que Marie est vivante dans le cœur des croyants.
Dans certaines traditions populaires, on offre aussi une "couronne" à Marie : une prière quotidienne, un acte de charité, un effort particulier dans la vie de foi… Tout devient offrande pour honorer celle qui a dit "oui" à Dieu avec confiance.
Une invitation à vivre à l’école de Marie
Consacrer le mois de mai à Marie, ce n’est pas seulement lui offrir des fleurs ou des prières. C’est aussi vouloir marcher à sa suite, vivre à son école. Marie est un modèle de foi, de silence, de service et d’humilité. Elle écoute, elle intercède, elle console. En la priant, on apprend à aimer Jésus plus profondément. On apprend aussi à aimer l’Église, car Marie est mère du Christ et mère des croyants.
Le mois de mai est donc un moment privilégié pour redécouvrir le rôle central de Marie dans notre vie spirituelle. Elle nous accompagne dans nos luttes, nous protège dans nos détresses, nous guide sur le chemin de la sainteté. Sa présence maternelle nous rassure, nous pacifie, nous oriente.
Conclusion
Si le mois de mai est devenu le mois de Marie, ce n’est pas par hasard. Il est le fruit d’une longue tradition spirituelle, enracinée dans la beauté du printemps, dans les gestes simples des croyants, et dans l’amour filial que les chrétiens portent à la Mère de Jésus. Chaque année, ce mois marial est une invitation à se tourner vers elle avec confiance, à lui confier nos joies comme nos peines, et à nous laisser guider par son cœur doux et lumineux vers son Fils, le Christ ressuscité.
Souviens-toi, ô très douce Vierge Marie, que jamais on n’a entendu dire qu’aucun de ceux qui ont eu recours à toi ait été abandonné…