Charbon et encensoirs : au cœur du rituel chrétien
L’encens joue un rôle essentiel dans la liturgie chrétienne, tant dans le catholicisme que dans l’orthodoxie. Il est utilisé pour symboliser la prière qui monte vers Dieu, la purification du lieu de culte et la sanctification des fidèles. Mais son usage ne serait pas possible sans deux éléments fondamentaux : le charbon et l’encensoir. Ces outils, chargés de symbolisme, permettent une combustion contrôlée et une diffusion harmonieuse de l’encens au cours des offices religieux.
Dans cet article, nous allons explorer l’histoire et la signification de l’utilisation du charbon et des encensoirs dans la tradition chrétienne, ainsi que les différentes manières dont ces instruments sont employés aujourd’hui.
Le charbon : fondement de la combustion de l’encens
L’encens ne peut libérer son parfum mystique sans une source de chaleur adéquate. Dans la liturgie chrétienne, c’est le charbon qui joue ce rôle. Il permet une combustion lente et maîtrisée, essentielle pour garantir une diffusion constante de la fumée et du parfum.
Origine et fabrication du charbon liturgique
Le charbon utilisé pour brûler l’encens est généralement fabriqué à partir de bois compressé ou de coques de noix de coco carbonisées. Il est conçu pour brûler à haute température et de manière prolongée afin d’éviter que l’encens ne se consume trop rapidement.
Il existe plusieurs types de charbon :
Le charbon traditionnel : fabriqué à partir de bois naturel, il nécessite un allumage plus long mais brûle de manière plus stable.
Le charbon auto-inflammable : enrichi de substances inflammables, il s’allume rapidement au contact d’une flamme et est couramment utilisé pour des raisons pratiques.
Le charbon de noix de coco : plus écologique et durable, il dégage moins d’odeur et assure une combustion plus homogène.
L’utilisation du charbon dans la liturgie
L’allumage du charbon suit un rituel précis :
Préparation : Le charbon est placé dans l’encensoir ou un brûle-encens.
Allumage : Une flamme (briquet, bougie, allumette) est appliquée sur le charbon jusqu’à ce qu’il commence à crépiter.
Montée en température : Le charbon devient rougeoyant et commence à diffuser une chaleur suffisante.
Ajout de l’encens : Quelques grains d’encens sont déposés sur le charbon, libérant immédiatement une fumée parfumée.
Renouvellement : Si nécessaire, de nouveaux morceaux d’encens sont ajoutés au fur et à mesure de la célébration.
Dans certaines traditions, le prêtre ou le diacre bénit le charbon avant d’y déposer l’encens, soulignant ainsi son caractère sacré.
L’encensoir : un instrument sacré de la liturgie
L’encensoir, également appelé thurible, est un récipient suspendu par des chaînes permettant de brûler l’encens tout en le balançant pour diffuser la fumée. Son utilisation est omniprésente dans la liturgie, où il accompagne les moments solennels et les processions.
Caractéristiques de l’encensoir:
L’encensoir est généralement composé de plusieurs éléments :
Une base perforée : où repose le charbon ardent et où l’encens est déposé.
Un couvercle mobile : souvent ajouré pour permettre à la fumée de s’échapper tout en contrôlant la combustion.
Trois ou quatre chaînes : permettant de manipuler et balancer l’encensoir avec grâce.
Un anneau ou une poignée : servant à le tenir et à le diriger.
Les encensoirs sont souvent fabriqués en laiton, en cuivre, en bronze ou en argent, et leur design peut être richement décoré selon la tradition et l’époque.
L’encensoir dans les traditions chrétiennes
Dans l’Église catholique l’encensoir est utilisé à des moments précis de la messe, notamment :
Lors de l’ouverture de la célébration : pour encenser l’autel, symbole du Christ.
Pendant la lecture de l’Évangile : pour honorer la parole divine.
À l’offertoire : l’encens est balancé au-dessus des offrandes pour les sanctifier.
Lors des funérailles : l’encens accompagne la bénédiction du corps du défunt.
Le balancement de l’encensoir suit un rythme précis, symbolisant le respect et la prière. Par exemple, trois balancements sont effectués devant l’autel, représentant la Trinité.
Dans la tradition orthodoxe, l’encensoir est utilisé plus fréquemment, presque à chaque office. Il est souvent plus grand et doté de petites clochettes qui tintent à chaque mouvement.
L’encensoir orthodoxe est employé pour bénir :
Les icônes et les fresques
L’iconostase (cloison séparant le sanctuaire des fidèles)
Les fidèles eux-mêmes, qui reçoivent l’encensement comme une bénédiction
Dans cette tradition, l’encens représente non seulement la prière montante vers Dieu mais aussi la présence du Saint-Esprit.
Dans la tradition anglicane et protestante:
Dans l’anglicanisme, l’encensoir est utilisé dans les paroisses de tradition anglo-catholique, suivant un usage similaire au catholicisme.
En revanche, dans les Églises protestantes réformées, l’encens est rarement employé. Il est parfois utilisé dans des contextes méditatifs mais sans rôle liturgique formel.
Une symbolique forte et intemporelle
L’encens, porté par le charbon et diffusé par l’encensoir, est bien plus qu’un simple élément sensoriel. Il est une offrande à Dieu, un symbole de la prière des fidèles, et un moyen d’élever l’âme vers le divin.
Au-delà de son rôle liturgique, son usage rappelle des textes bibliques puissants :
L’Apocalypse de Saint Jean (Ap 8, 3-4) décrit l’encens comme étant associé aux prières des saints qui montent vers Dieu.
Le Psaume 141, 2 évoque la prière comparée à la fumée de l’encens s’élevant devant le Seigneur.
Ainsi, l’encens, le charbon et l’encensoir restent des éléments incontournables de la spiritualité chrétienne, reliant les fidèles à une tradition millénaire.
